Aujourd'hui je vais vous parler de John Rambo, que j'ai enfin pu voir.
Malgré les années, John Rambo n'est pas parvenu à faire la paix avec lui-même et cherche à oublier son passé en se terrant dans un coin perdu près de la frontière Birmane. Un jour, un groupe d'humanitaires américains, plein de bonnes intentions et peu adaptés à la dureté des conflits, vient le trouver dans l'espoir qu'il leur fasse passer la frontière Birmane, où se déroule un terrible génocide.
Comme les deux films précédents, ce film est le récit d'une mission de sauvetage, puisqu'il va bien évidemment arriver malheur à nos humanitaires, qui n'avaient de toutes manières pas une tête à pouvoir s'en sortir en cas de problèmes. Par contre, contrairement aux autres, il est extrêmement gore, ce qui n'est pas un défaut, car je n'ai pas trouvé qu'il s'agissait d'un artifice destiné à masquer la faiblesse du scénario.
La violence extrême des scènes colle très bien à l'ambiance des films, et surtout du premier, car dans Rambo, la guerre n'est jamais quelque chose de noble et de propre. Rambo, au départ, c'est tout de même un jeune homme dont l'existence a été anéantie par la guerre du Vietnam, car son pays a fait de lui un machine à tuer et s'est ensuite débarrassé de lui dès qu'il n'a plus eu d'utilité. Il s'est sacrifié pour sa patrie mais sa patrie ne veut plus de lui.
Dans ce quatrième film, on retrouve un peu de cette ambiance par cette violence, car elle montre l'écart qui existe entre les humanitaires et lui, mais aussi entre notre vision aseptisée des conflits et leur réalité, où l'on ne meurt pas proprement, parce que les balles ne se content pas uniquement de faire des trous et que les bombes ont une tendance à ne détruire que des morceaux de l'individu. Certaines scènes sont dérangeantes par leur violence, mais c'est ce qui fait leur force, car elles obligent à s'interroger sur ses conflits dont les journaux nous abreuvent.
Dans ce film, Rambo reste le héros paria, car il est toujours en marge du groupe, d'abord avec les mercenaires qui ne voient que la façade, avant qu'il ne prouve par ses actes qu'il est bien plus professionnel qu'eux, qui se vantent et font preuve de légèreté mais sont prêt à tourner les talons au moindre danger. Je dois dire que c'est un trait que j'aime beaucoup chez le personnage, car ce n'est pas le guerrier légendaire qui est traité comme le sauveur dès qu'il apparaît, parce qu'il a déjà tout fait et est prêt à le rappeler à quiconque le provoque. Rambo c'est le type qui aurait voulu qu'on le laisse tranquille, parce qu'il ne tire aucun plaisir dans le combat et ne croit plus rien. Il se bat, parce qu'il faut bien que quelqu'un s'en charge et que malheureusement il se trouve être le plus qualifié pour ça, donc s'il n'y va pas d'autres mourront(et en particulier nos humanitaires).
Je trouve que c'est un personnage qui aurait tout à fait sa place dans la Compagnie noire, parce qu'il n'a pas d'idéaux ou de pitié quand il s'agit de se débarrasser d'un ennemi(mais il n'est pas sadique pour autant), et même s'il se bat du bon côté, on s'aperçoit vite que celui-ci n'a de bon que le nom et que la violence n'est pas seulement du côté des méchants.
J'aime beaucoup sa capacité à tuer sans se poser de questions morales, car, j'en ai un peu marre de ces héros qui laissent partir le méchant(lui permettant ainsi d'aller massacrer plein d'innocents)simplement parce que ce serait mal ou parce qu'ils ne veulent pas se voir souiller par un tel crime.
Rambo sait qu'il n'y a pas d'expiation possible pour les morts qu'il a déjà causé et qu'avec des bons sentiments on n'accomplit rien, en cela je trouve la fin du film assez brillante avec le va-et-vient entre nos humanitaires tout traumatisés, la plaine pleine de cadavres et Rambo en hauteur qui contemple le tout, car j'ai trouvé que sans rien dire, ça mettait assez en évidence la catastrophe provoquée par nos gentils humanitaires, car on en arrive là, parce qu'ils sont allés là où ils n'auraient pas dû être et on ne sait pas trop ce qui leur reste de leurs grandes idées de départ.
Du point de vue de l'évolution de Rambo, dans l'histoire, il va être amené à accepter ce qu'il est et à faire la paix avec lui-même, s'il veut sauver les humanitaires(enfin surtout la Blonde, qui l'a touché par son idéalisme, même si j'ai trouvé sa conversion un peu rapide), pour la bonne et simple raison qu'il n'a sinon aucune raison d'aller à leur secours, puisque pour les sauver, il doit nécessairement redevenir une machine à tuer(heureusement pour les humanitaires qu'il n'avaitpas les mêmes principes qu'eux, sinon ils auraient fini dévorés par les cochons). L'ultime scène m'a un peu déçue, parce qu'elle était prévisible et que j'aimais mieux le personnage en solitaire qui s'est exilé de sa patrie.
J'ai bien aimé ce film, mais je suis contente que la franchise s'arrête avec lui, car comme pour Rocky, j'ai trouvé intéressant de retrouver le héros à notre époque, de voir comment il a vieilli(Stallone ne se serait pas empâté par hasard ?)et comme il s'intègre dans le monde d'aujourd'hui, mais cela convient pour un film. Une suite aurait été une erreur car tout a déjà été dit. Ce film nous montre que l'horreur est toujours de ce monde et que ce n'est pas parce que cela ne nous concerne plus, que ça n'existe pas. Cependant, la question qui reste en suspens est : peut-on changer cette réalité ? L'échec des humanitaires ne veut pas forcément dire que cette idée était fausse.