Comme c'est la Saint-Valentin, j'ai décidé de vous parler d'un recueil de nouvelles de Maupassant, car quoi de plus approprié en ce jour qu'un auteur qui ne croyait pas au grand amour ?
Contes divers est un recueil qui contient des nouvelles écrites entre 1875 et 1880. Ce recueil contient :
- La main écorchée, qui est une nouvelle fantastique.
- le docteur Héraclius Gloss, récit comique où un savant croit que la vérité est dans la métempsychose et s'y lance avec un dévouement acharné et excessif.
- le donneur d'eau bénite, histoire sombre de la déchéance d'un couple dont l'enfant a disparu et qui n'a plus d'autre but que de le retrouver.
- le mariage du lieutenant Laré, récit qui fait partie des nouvelles de Maupassant marquées par la guerre de 1870.
- "Coco, Coco, Coco frais !", anecdote légère sur le rôle joué par des vendeurs de coco dans la destinée d'un homme.
- Boule de suif, qui se déroule durant l'occupation allemande qui eut lieu lors de la guerre de 1870, et qui raconte l'histoire d'un groupe de voyageurs qui fuient Rouen pour gagner le Havre. Sauf qu'en chemin, ils se retrouvent bloqués, car un officier allemand a décidé de ne pas les laisser partir tant qu'une des voyageuses, Boule de suif, une courtisane, n'aura pas accepté de passer la nuit avec lui.
- Les dimanches d'un bourgeois de Paris, récit qui m'a fait penser à Bouvard et Pécuchet, car on y suit un employé de bureau qui chaque dimanche se lance dans toutes sortes d'excursion pour finalement découvrir qu'aucune ne contient les jouissances espérées.
- Jadis, où l'amour romantique est confrontée à la galanterie du XVIIIème siècle.
- Une page d'histoire inédite, qui raconte une anecdote sur Napoléon.
J'ai bien aimé le docteur Héraclius Gloss, car Maupassant s'y moque assez bien des excès des systèmes, le personnage est ridicule par son manque de recul et son application aveugle des précéptes qu'il a découvert, ainsi que les dimanches d'un bourgeois à Paris, qui est surtout savoureux par la visite que le personnage fait de la maison d'Emile Zola. Cependant Jadis a ma préférence, car on y retrouve les positions de Maupassant sur l'amour et la nouvelle fait écho à son article de 1881 intitulé l'art de rompre.
Dans ce recueil, Maupassant peint avec une ironie mordante l'hypocrisie de ses contemporains, en particulier dans Boule de Suif, où les braves gens sont rapides quand il s'agit de profiter, mais surtout quand il s'agit d'oublier les services qu'on leur a rendu.
Pour finir, une petite citation tirée de Jadis :
"Et vous vous imaginez que vos maris n'aimeront que vous toute leur vie ? Comme si ça se pouvait vraiment !
Je te dis, moi, que le mariage est une chose nécessaire pour que la société vive, mais qu'il n'est pas dans la nature de notre race, entends-tu bien ? Il n'y a dans la vie qu'une bonne chose, c'est l'amour, et on veut nous en priver. On vous dit maintenant : "Il ne faut aimer qu'un homme", comme si on voulait me forcer à ne manger que du dindon. Et cet homme-là aura autant de maîtresses qu'il y a de mois dans l'année !"