Barry Trotter a 22 ans et en est à sa onzième année à l'école de sorcellerie Coudbar, où il est autorisé à rester aussi longtemps qu'il le souhaite, car sa seule présence attire les élèves à Coudbar, institution scolaire aux tarifs exorbitants, sauf que la célébrité que Barry a acquis grâce à Barry Trotter à l'alcool dans l'gosier et aux autres livres écrits par J.G. Rollins, a aussi des aspects négatifs, surtout depuis que Barry a revendu une carte permettant de localiser Coudbar. Ainsi il y a à présent une foule de Glandus qui campent dans le parc de Poudlard pour le plus grand agacement de Céldèlbore, le directeur de l'école, et pire se prépare, car le film Barry Trotter et la pompe à fric est en projet et s'il sort, ce sera la fin de Coudbar, car Coudbar sera envahi par les fans, et si Coudbar ferme, barry devra trouver du boulot, donc Barry doit empêcher ce film.
Barry Trotter est une parodie vraiment géniale d'Harry Potter, déjà parce que l'auteur ne s'amuse pas à réécrire le tome 1 mais fait une continuation ce qui permet d'éviter l'impression que l'histoire est forcée ou manque d'originalité, les situations que ça donne sont assez sympas. La traduction française est très bonne, le traducteur français ayant fait un excellent travail d'adaptation avec de très bonnes trouvailles au point de vue des références. Le livre a été publié après la sortie du tome 4.
La galerie des personnages est intéressante, nous avons Ermine Cringer en nymphomane, Lon Muesly en ami fidèle mais avec le cerveau d'un golden retriever suite à un accident de Quichecuite, Céldèlbore en pervers notoire, Grobid, Siroz en escroc toujours sur un gros coup qui est sensé marcher, etc. J'ai apprécié la parodie(peut-être que le fait que Rogue n'en ait pas été victime a pu jouer...)parce que les défauts des personnages ne sont pas exploités à outrance.
Le monde magique dans barry Trotter est plus miteux, Coudbar étant loin de l'école fabuleuse où l'on voudrait passer dix mois de l'année et où la bouffe est merveilleuse, mais où la magie est beaucoup plus importante.
Le livre est aussi intéressant parce qu'il ne se contente pas d'aligner des noms et situations marrantes, Gerber nous amène à nous poser des questions sur harry Potter et tout ce qui s'est développé autour. Par exemple, le film s'appelle Barry Trotter et la pompe à fric et je le trouve assez bien trouvé, car si l'on regarde la masse de produits dérivés que les films ont générés, dont les fameuses écharpes et cravates qui n'existent pas dans les livres, l'idée de pompe à fric n'est peut-être pas si stupide que ça.
Dans la même lignée, j'aime beaucoup la remarque que fait Valdemarne à Barry :
"Tu es vraiment un crétin, Barry - chaque fois que ta cicatrice te faisait mal, tout ce que tu avais à faire, c'était d'aller en parler à Céldèlbore... enfin, à l'époque avant qu'il commence à utiliser des philtres. Mais non, tu essayais quand même de résoudre les énigmes, déclara Valdemarne d'un ton moqueur. J'ai perdu des années à essayer de te tuer, alors que j'aurais pu te laisser livré à toi-même. Ton mauvais jugement pathétique t'aurait fait arrêter ou tuer."
et aussi celle décrivant le professeur Gogue :
"Gogue avait écopé d'une mauvaise réputation dans les romans ; J.G. en avait fait un méchant plus par nécessité artistique qu'il l'était réellement. En fait, c'était un mec correct, si vous n'aviez rien contre une bonne pincée de blennorragie aéroportée de temps en temps."
Je trouve cette remarque très juste car dans les livres Rogue, c'est le prof méchant parce qu'il faut bien qu'il y en ait un, ou sinon Poudlard serait le pays des Bisounours. il y a plusieurs réflexions dans le livre sur l'écart entre Barry et la version que l'on trouve dans les romans de J.G. et qui nous ramène aux problèmes d'impératif narratif qui conditionnent généralement une histoire.
Le livre possède aussi une dimension initiatique car il présente aussi le problème du passage à l'âge adulte, l'étudiant étant coincé dans un état intermédiaire, où il échappe à son statut d'adulte, et le grand ennemi, Valdemarne, représente cet univers adulte où tout est fondé sur la recherche du profit.
J'ai aussi particulièrement aimé la fin du livre qui amène à s'interroger sur l'ensemble du livre, qu'est-ce qui est parodie ? quel est le vrai Barry ?
Ce livre est donc une bonne découverte, car je m'attendais à un truc bien lourd, et finalement ça n'a pas été le cas, même si l'humour ne vole pas toujours très haut et je compte lire la suite, car les deux histoires ont l'air intéressantes, la première, Barry Trotter et la suite inutile, nous emmenant dans l'univers d'Harry à l'âge de 38ans, et la seconde, Barry Trotter et le cheval mort, racontant la fameuse cinquième année durant laquelle Lon a eu son accident de quichecuite.
C'est une lecture que j'ai faite dans le cadre de (re)-reading HP et si vous voulez en savoir davantage sur ce livre, je vous renvoie à cette critique que j'ai trouvé sur la Gazette du sorcier et qui est très pertient.