Voici donc quelques passages sympa de la pièce de Jean-Michel Ribes, musée haut, musée bas, que le film adapte assez fidèlement. La pièce est drôle mais de cet humour un peu noir car c’est la médiocrité de notre société qui apparaît, avec d’un côté l’aspect culture de masse, avec ses jugements vulgaires où l’on mêle à l’art des considérations purement matérielles comme si c’était sur le même plan, comme dans le deuxième passage que j’ai cité où les deux dames sont en train de parler de reproductions de Turner et de Van Gog sur des sets de table et des tasses, et de l’autre, on a le public dit cultivé et qui se fascine pour l’art contemporain, avec la scène tout à fait ridicule de l’exposition de Karl Paulin où ce sont les visiteurs qui deviennent des oeuvres d’art de l’artiste, ou les passages avec Sulku et Sulki très surréalistes où on ne sait jamais si ce sont des êtres humains qui posent ou s’il s’agit de représentation qui discutent entre elles un peu comme les peintures dans Harry Potter. L’univers ridicule de l’art contemporain apparaît dans le concept du mum art où l’on assiste à un meurtre qui finalement est cautionné parce qu’il est oeuvre d’art, ce qui pose la question de la limite de l’art, ce qui n’est pas sans faire penser à cet homme qui au nom de l’art fait mourrir de faim des chiens. La pièce est assez profonde car sous son abord superficiel elle met en question notre société et le rapport à l’art, l’art dans les musées et l’art contemporain. Voici donc les 3 passages que j’ai choisi :
p.20 FRANCOISE. C’est un extincteur.
ANTONIN. Non ?
FRANCOISE. Je te dis que c’est un extincteur.
ANTONIN. Pas sûr, Françoise.
FRANCOISE. Bon, on y retourne.
p.35-36 LA MERE. Aucun risque, les musées, question bon goût, c’est la garantie absolue. Avec ce qu’ils ont accroché aux murs, ils ne peuvent pas se permettre de faire un faux pas sur les tasses à café.
ROSINE. Elle m’a assuré que les deux passaient sans problème à la machine.
LA MERE. Ca ne m’étonne pas, ce sont deux très grands artistes.
p.42 SULKI. Tu veux dire qu’on doit signifier quelque chose ?
SULKU. C’est ce qu’ils veulent… Ne crois pas que ça me fasse plaisir Sulki.
SULKI. Mais si on a un sens Sulku, est-ce qu’on sera encore de l’art ?
SULKU. J’ai bien peur que non Sulki.