
Sganarelle est un ivrogne, un paillard et gagne sa vie en vendant des fagots. Il bat sa femme. Celle-ci décide de lui faire payer les coups qu'elle a reçu et déclare à deux domestiques en quête d'un médecin pour soigner la fille de leur maître, que Sganarelle est un grand médecin, qui fait des miracles mais un peu excentrique, car il faut le battre pour qu'il accepte de reconnaître qu'il est médecin. Les deux valets s'empressent d'aller trouver Sganarelle et de l'emmener auprès de leur maître, après lui avoir administré les coups nécessaires pour faire de lui un médecin. Sganarelle doit soigner Lucinde, qui est muette, pour que le mariage avec Horace qui a été décidé par son père puisse faire, bien que celle-ci soit amoureuse de Léandre.
Je ne suis pas très fan de Molière mais j'ai bien aimé cette pièce qui est assez drôle avec certains passages connus comme celui-ci à l'Acte II, scène IV :
"SGANARELLE : Nous autres grands médecins, nous connaissons d'abord les choses. Un ignorant aurait été embarassé, et vous eût été dire : "C'est ceci, c'est cela" ; mais moi, je touche au but du premier coup, et je vous apprends que votre fille est muette.
GERONTE : Oui, mais je voudrais bien que vous pussiez dire d'où cela vient.
SGANARELLE : Il n'est rien de plus aisé : cela vient de ce qu'elle a perdu la parole.
GERONTE : Fort bien ; mais la cause, s'il vous plaît, qui fait qu'elle a perdu la parole ?
SGANARELLE : Tous nos meilleurs auteurs vous diront que c'est l'empêchement de l'action de sa langue.
GERONTE : Mais encore, vos sentiments sur cet empêchement de l'action de sa langue ?
SGANARELLE : Aristote, là-dessus, dit... de fort belles choses."
J'ai assez apprécié la manière dont le thème de la critique de la médecine est développé dans cette pièce à travers les références aux précédents médecins consultés sur le cas et l'aspect complètement contradictoire des réponses obtenues, la manière dont Sganarelle arrive à embrouiller l'esprit de Geronte de façon à ce que celui-ci ne s'apperçoive pas de la supercherie, la description de remèdes utilisées et surtout le discours de Sganarelle à l'acte III scène I où il annonce sa reconversion dans la médecine :
"Je trouve que c'est le métier le meilleur de tous ; car, soit qu'on fasse bien ou soit qu'on fasse mal, on est toujours payé de même sorte : la méchante besogne ne retombe jamais sur notre dos ; et nous taillons, comme il nous plaît, sur l'étoffe où nous travaillons. Un cordonnier, en faisant des souliers, ne saurait gâter un morceau de cuir qu'il n'en paye les pots cassés ; mais ici l'on peut gâter un homme sans qu'il en coûte rien. Les bévues ne sont point pour nous ; et c'est toujours la faute de celui qui meurt. Enfin le bon de cette profession est qu'il y a parmi les morts une honnêteté, une discrétion la plus grande du monde ; et jamais on n'en voit se plaindre du médecin qui l'a tué."
Mais un élément que j'ai bien aimé, c'est l'usage du latin dans le discours de Sganarelle pour dissimuler son ignorance et que j'ai trouvé assez drôle puisque je comprends ce qu'il dit :
"Cabricias arci thuram, catalamus, singulariter, nominativo haec Musa, "La Muse", bonus, bonum, Deus sanctus, estne oratio latinas ? Etiam, "oui". Quare, "pourquoi" ? Quia substantivo et adjectivum concordat in generi, numerum, et casus."
Du point de vue de l'histoire, on retrouve le conflit des générations avec un couple d'amoureux qui se heurte à l'ambition du père qui préfère Horace qui a actuellement du bien, à Léandre qui n'aura du bien qu'à la mort de son oncle. Une fois de plus c'est l'amour qui triomphe et qui est mis en avant comme norme. La dernière scène apporte un happy end rapide et au hasard trop heureux comme ça arrive également dans d'autres pièces, puisque l'oncle meurt, laissant toute sa fortune à Léandre lui donnant la possibilité d'épouser lucinde avec la bénédiction paternelle.
Sur ce scène, ce que ça donne, car je suis allée voir la pièce cette après-midi au théâtre Fontaine, le résultat est assez plaisant, l'orginialité de la mise en scène repose sur l'introduction de deux passages chantées, le jeu des acteurs étaient bons, donc ce fut une sortie plaisante.
Cette pièce correspond à la lettre M dans ma liste pour le challenge ABC 2010 et mardi, pour continuer dans ma lancée théâtrale, je vous parlerai du malade imaginaire.
