Aujourd'hui je vais vous parler du Château de l'araignée de Philippe Collas.
présentation de l'éditeur : Tout le monde croit connaître Jean de La Fontaine, mais sait-on que le poète avait l'étoffe d'un formidable détective ? Que sa charge de maître des eaux et forêts l'amena à démêler les plus délicates enquêtes policières sur les seigneuries de l'Aisne, où il exerçait et que ce fut là qu'il trouva la matière même de ses fables ? Tout commence lorsque, dans sa chambre verrouillée à double tour, on retrouve le corps sans vie du marquis de Sorel. Sur les lieux, nulle trace de lutte, nulle arme et sur le corps, aucune blessure apparente...
Défaisant un à un les fils d'une toile invisible, Jean de la Fontaine va remonter la piste d'un prédateur secrètement tapi dans l'ombre du château de Sorel.
Il s'agit du premier tome d'une série qui met en scène Jean de la Fontaine dans un rôle de détective à l'époque où il occupe la charge de maître des eaux et forêts, avant de devenir le célèbre auteur des fables, puisque le choix de l'auteur est de nous montrer que La Fontaine va tirer son inspiration des enquêtes qu'il va mener.
J'ai découvert ce livre par une amie qui m'a prêté les deux premiers tomes, car j'admets que l'idée de La Fontaine en héros de roman policier m'intriguait. Cependant comme souvent avec ce genre d'ouvrage, j'ai été déçue, car je suis finalement assez mauvais public, puisque le héros doit correspondre à l'idée que je me fais du personnage historique, ou sinon, dès que cela s'en écarte, je me mets à douter de la vraisemblance historique du personnage, ce qui gâche mon plaisir. Ici, ce qui n'a pas aidé est le fait que je connais assez mal la biographie de La Fontaine, puisque je ne suis pas une adepte de l'explication des oeuvres par la biographie de leur auteur, ce qui fait que pas mal de choses m'ont fait tiquer comme le premier cahier sur la vie quotidienne de la maisonnée de La Fontaine, mais surtout le fait qu'il avait des hallucinations qui l'amenaient à voir les gens sous forme d'animaux(invention qui en enlève à son génie créateur, à mon avis)et qu'il était constipé pendant toute la durée d'une enquête.
J'ai trouvé le début long et du coup, je reconnais la sagesse de l'avis au lecteur qui conseillait à quiconque s'intéressait surtout à l'enquête policière de sauter le premier cahier - ce que je n'ai pas fait... J'ai mis beaucoup de temps à lire le premier cahier et l'histoire n'a effectivement commencé à m'intéresser qu'une fois bien immergée dans le deuxième cahier, c'est-à-dire quand La Fontaine arrive au château de Sorel et que l'on attend que le meurtre ait lieu, parce que c'est là que les choses sérieuses vont vraiment commencer et prendre un sens, parce que franchement, les problèmes de couple de La Fontaine m'ont assez peu intéressée.
Le style est plaisant, l'auteur utilise abondamment l'énumération ce qui n'est pas sans amener à l'idée d'un rapprochement voulu avec le style de Mme de Sévigné. C'est donc bien écrit, même si je ne suis pas sûre que vouloir faire passer les différents cahiers pour des oeuvres de la Fontaine légèrement remaniées par celui qui lui servait de secrétaire était une idée pertinente, car c'est une illusion qui ne prend pas, bien que Philippe Collas n'ait pas la lourdeur de Stéphanie Barron en ce domaine. Je ne vois pas pourquoi les auteurs de policier actuels s'obstinent à avoir recours à cet artifice, surtout lorsqu'ils ne font pas un pastiche du style de l'auteur utilisé.
Quand on parle de faits contemporains, faire croire que le texte est authentique peut présenter un intérêt car effectivement, le lecteur peut croire à la réalité de l'histoire, comme ce fut le cas pour certains lecteurs de la Nouvelle Héloïse, mais essayer de faire passer des textes écrits à notre époque pour des textes écrits il y a plusieurs siècles est un procédé assez ridicule, car il faut être plus qu'ignorant pour tomber dans le panneau(même mes élèves ne s'y laisseraient prendre... ce qui est normal vu que pour eux, tout texte vu en cours est de la fiction, que ce soit J'accuse ou les lettres de Mme de Sévigné, mais là n'est pas le problème).
J'ai eu du mal à me mettre dans l'histoire, mais je n'ai pas non plus détesté, car l'enquête m'a intéressée. Je lirai certainement le suivant car ma curiosité a été piquée et que j'ai terriblement envie de savoir pourquoi Mme de Sévigné appelle ce brave Jean de la Fontaine à la rescousse.