Aujourd'hui je vais vous parler d'un livre qui dort depuis plus d'un an dans ma bibliothèque et que j'avais emmené avec moi en Angleterre(ce qui a eu une certaine influence sur mes achats par la suite...), il s'agit d'Ilium de Dan Simmons.
"Chante, ô Muse, la rage d'Achille, le fils de Pelée, meurtrier, tueur d'hommes, promis à la mort, chante la rage qui aux Achéens coûta tant de braves et jeta en pâture à Hadès tant d'âmes pleines de joie et de vie. Et tant que tu y es, ô Muse, chante la rage des dieux eux-mêmes, si capricieux et si puissants sur leur nouvel Olympe, et la rage des posthumains, bien qu'ils aient été emportés par la mort, et la rage des quelques vrais humains qui subsistent, bien qu'ils soient devenus vains et inutiles"
La guerre de Troie fait rage pour le plus grand divertissement des dieux et l'Iliade est sur le point de commencer. Thomas Hockenberry attend ce moment depuis neuf ans mais il n'en a plus rien à foutre, car Thomas Hockenberry, est un scoliaste, un spécialiste d'Homère de la fin du XXème siècle que les dieux ont réssucité pour qu'il surveille le déroulement du conflit et on ne peut pas dire que servir les dieux de l'Olympe soit une joie, surtout quand Aphrodite décide de lui confier une mission...
Pendant ce temps-là, dans un futur lointain, les derniers humains vivent dans l'oisiveté et l'ignorance, des serviteurs répondant à tous leurs besoins tandis que de mystérieuses créatures veillent à leur sécurité. Leur vie s'écoule paisiblement, mais un petit groupe va partir en quête de réponses, tandis qu'à Conamara Central, deux Moravecs se voient envoyé sur Mars pour découvrir la source de mystérieuses émissions quantique.
Comme vous l'avez certainement déjà deviné, Ilium est un livre à l'intrigue très complexe suivant trois groupes qui ne semblent avoir aucun rapport entre eux et beaucoup de choses sont laissées dans l'ombre, donc il faut bien suivre durant les 870 pages que compte cet ouvrage. C'est une réécriture de l'Iliade de très bonne qualité, on sent que l'auteur connaît son sujet et les pérégrinations d'Hockenberry donnent vraiment envie de se replonger dans l'Iliade. J'ai aussi beaucoup aimé les deux Moravecs et leurs discussions sur l'interprétation des Sonnets de Shakespeare et sur la recherche du temps perdu de Proust.
La rencontre entre épopée homérique et science-fiction se déroule à merveille, car l'Iliade se déroule relativement de la même manière que chez Homère, mais on s'aperçoit que les pouvoirs des dieux sont en fait dû à des gadgets technologiques. C'est vraiment très intéressants de suivre Hockenberry au gré des grandes scènes de l'Iliade et d'avoir sa vision sur le texte homérique. J'ai bien aimé son explication pour la durée de la guerre.
C'est un très bon livre. Mon seul petit bémol est au niveau de la traduction de la première page, car normalement c'est Chante, déesse, la colère du fils de Pelée, et là, la colère est remplacé par le mot rage et ça aurait mérité d'être accompagné d'une note de traduction, afin de savoir si c'est Dan Simmons qui a mis l'accent sur la rage, ou si c'est un choix du traducteur.