Aujourd'hui, poursuivant ma série d'article sur la Thébaïde, je vais vous parler d'Oedipe schlac ! schlac ! de Sophie Dieuaide, livre que j'ai trouvé au cdi de mon établissement.
Pour le spectacle de fin d'année de sa classe, Mme Lecca décide de monter un spectacle de qualité et pas un truc du genre de Godzitor et les mutants, le spectacle de l'année précédente. C'est ainsi que toute la classe de CM2 de Ludovic se retrouve à faire la légende d'Oedipe.
Le narrateur de cette histoire est Ludovic qui raconte l'étrange projet de sa maîtresse et qui joue l'Oracle. Le livre suit les différentes étapes de la production : la présentation de la légende grecque, l'écriture des dialogues, la création des costumes et des décors, la réalisation des programmes, les répétitions et bien-sûr la représentation.
Je dois dire qu'au départ, j'ai lu ce livre à reculons, parce qu'il s'agit d'un livre jeunesse, avec beaucoup d'illustrations, ce qui me faisait craindre une réécriture terne et simpliste du mythe d'Oedipe, mais finalement j'ai été séduite dès les premières pages, même si l'idée de départ -monter Oedipe en primaire - est pédagogiquement absurde. On suit l'histoire du point de vue d'un des élèves, qui du coup nous raconte la légende à sa sauce, ce qui entraîne une déformation très savoureuse du mythe, le meurtre de Laïos est expliqué par un refus de priorité, Oedipe bébé est une peluche Babar.
Les péripéties font souvent sourire et le livre contient même quelques réflexions intéressantes sur le théâtre, car notre narrateur et ses camarades se prennent vite au jeu et se mettent à se prendre pour des acteurs d'un spectacle de qualité. Le décallage qui règne entre la vision du narrateur et la réalité est un des points forts de l'histoire, le narrateur étant persuadé que leur vision des choses est meilleure que celle des adultes en particulier sur la question du langage à utiliser dans les dialogues. Le dernier chapitre propose le texte d'Oedipe Roi tel qu'il a été réalisé par les élèves, les didascalies sont en général divertissantes.
C'est donc une lecture très reposante, même si ce n'est pas non plus un chef d'oeuvre, ça reste une oeuvre de jeunesse, il ne faut pas en attendre plus que ça, mais c'est très agréable à lire.
Je vous laisse sur quelques passages à savourer :
"-Oublie ça ! a répondu sèchement la maîtresse. Oublie les aliens et autres monstres. Nous sommes en classe, pas devant la télévision ! Je ne veux pas critiquer le travail de mes collègues, mais vous êtes à l'école pour apprendre. Nous montons la légende d'Oedipe !
- Oedipe ?
Je n'en avais jamais parler. Mlle Ravier (notre maîtresse de CM1 que Mme Lecca ne voulait pas critiquer) n'avait amais prononcé ce nom-là devant nous, j'en suis sûr."
"Coup de chance, comme dans Blanche-Neige, un autre berger sauva l'enfant au dernier moment mais il ne le donna pas aux sept nains, il le confia à un autre roi. Il faut dire qu'à cette époque-là, il y avait des rois et des bergers partout."
"Dans sa longue robe blanche, Aurélie était une reine grecque marchant dans la campagne avec son enfant. Laïos était son roi. Même Babar n'était plus un éléphant."