Le gros problème de l'après-Rat, c'est qu'on se retrouve avec une masse de livres en attente d'être chroniqué, déjà que j'avais un peu de retard dans les miennes... On verra bien si j'arrive à tout chroniquer ou non. Il faut remarquer que pour ce Rat, j'ai fait l'effort de ne pas lire Rabelais, bon, par contre, on est toujours dans le domaine de l'édition bilingue. Je n'ai évidemment pas lu la partie en vieux français.
Charlemagne fait la guerre depuis sept ans en Espagne et il n'y a plus que Saragosse qui lui résiste. Marsile, le roi d'Espagne, craignant de perdre son royaume, réunit ses vassaux et élabore un plan pour faire partir Charlemagne : il envoie des messagers proposer sa soumission et sa conversation. Les conseillers penchent pour l'acceptation de cette proposition, et lorsqu'est venu le moment de choisir le messager, Roland, le neveu du Roi, propose Ganelon à cause de sa sagesse, mais Ganelon s'emporte contre Roland pour avoir oser le désigner, car Ganelon, en son coeur, est un couard et craint d'être tué par Marsile, comme l'ont été deux messagers précédents. Il décide donc de provoquer la perte de Roland et pour cela, s'allie avec Marsile pour tendre un piège à l'arrière-garde de Charlemagne et ainsi tuer Roland.
J'ai vraiment bien aimé ce texte en fait, j'aime son côté tragique, car on comprend très vite que les élèments vont s'enchaîner de telle sorte que le héros n'aura aucune échappatoire malgré sa résistance héroïque mais en même temps, c'est le héros qui provoque sa propre perte et celle de ses compagnons par son propre hybris, puisque c'est son refus de sonner le cors pour alerter Charlemagne qui fait que l'arrière-garde va se retrouver en train d'assurer une résistance héroïque.
Par contre, la partie après la mort de Roland m'a moins intéressée, car il n'y avait plus ce sentiment de destin en marche. J'ai trouvé la description de certaines scènes émouvantes et j'ai particulièrement aimé le personnage d'Olivier. Sur certaines points, ça m'a rappelé l'Iliade avec la violence des combats et les cervelles qui giclent abondamment.
C'était donc une bonne lecture pour cette rentrée littéraire de 1220 environ et qu'en plus j'ai lu avec une ambiance musicale moyen-âgeuse.
Olivier dit : " Les païens viennent en force,
et nos français, il me semble qu'ils sont bien peu.
Roland, mon compagnon, sonnez donc votre cor :
Charles l'entendra et l'armée reviendra."
Roland répond : "Ce serait une folie !
En douce France j'en perdrais ma gloire.
Aussitôt de Durendal, je frapperai de grands coups ;
sa lame en saignera jusqu'à la garde d'or.
Les paiens félons ont eu tort de venir aux cols :
je vous le jure, tous sont condamnés à mort."