Aujourd'hui je vais vous parler de Bérurier président ! vingt-troisième tome des nouvelles aventures de San-Antonio de Patrice Dard.
Présentation de l'éditeur : "Elle sera tuée avant le lever du jour !" La menace pèse sur la fille d'un candidat à l'élection présidentielle. San-Antonio envoie Bérurier en première ligne. Et c'est au terme d'une nuit d'enfer, zébrée de rebondissements et constellée de personnages improbables, qu'une vocation élyséenne va naître.
Qui pourra désormais empêcher Béru, dit l'Enflure, dit l'Hénaurme, dit l'Immonde, dit le Gonfle, dit le Mastard, dit le Gravos et bientôt dit "Monsieur le président", d'accéder à la magistrature suprême ?
Si vous ne savez pas pour qui voter, lisez ce livre !
Si votre décision est déjà prise, lisez-le aussi : vous pourriez changer d'avis.
Je suis tombée sur ce livre, il y a un mois, lors d'un passage en gare et je me suis dit que c'était le livre idéal en ce moment, ce qui fait que je l'ai acheté, alors que j'essaie de lire les San-Antonio dans l'ordre, et ceux écrits par Frédéric Dard avant ceux écrits par son fils. Mais là, comment résister à Bérurier en président de la République ?
Pour diverses raisons extérieures au livre, j'ai mis du temps à lire le début, d'autant que le style m'a déçue un peu au début, comme c'est souvent le cas quand il est question de Bérurier, justement parce que je suis à un point de la série où Bérurier n'est pas présent.
Cependant une fois que l'affaire est lancée, la situation devient plus intéressante, surtout qu'à côté de l'enquête de San-Antonio, on a cette grande question : comment Bérurier se retrouve-t-il candidat à la présidentielle ? et surtout comment a-t-il fait pour avoir une popularité telle que son accession à la présidence soit envisageable ? Cette question n'est d'ailleurs pas du tout un spoiler, car le livre commence justement sur le couple Bérurier en train de répéter la première visite d'un couple présidentiel à la cour d'Angleterre. Après cette brève scène, on repart en arrière pour suivre le déroulement linéaire des événements sensés conduire à cet instant.
Le peu d'explication titille la curiosité et l'accent n'est pas trop mis sur cette intrigue ce qui est une qualité du livre, car Patrice Dard arrive à donner suffisamment d'éléments pour éveiller l'intérêt du lecteur quant à cette situation tout à fait improbable mais sans jamais que l'enquête ne passe au second plan ou que l'on sente que le lien entre les deux est forcé ou que l'on se retrouve avec des coupures abruptes du genre là-maintenant-je-vous-reparle-de-cela-histoire-que-vous-vous-rappeliez-bien-de-cette-pièce-essentielle-mais-oh-le-téléphone-sonne-et-donc-vous-devrez-encore-attendre-300pages-pour-avoir-la-clef-de-l'énigme-parce-que-je-n'ai-pas-trouvé-de-moyens-plus discrets-pour-vous-maintenir-intéressé.
C'est une lecture agréable, certains passages m'ont fait rire en particulier l'entretien avec ce cher Claude où il est beaucoup question de conjugaison. La conférence de presse de Bérurier vaut aussi le détour et je dois dire que Bérurier en tant que candidat a effectivement des qualités et qu'on en vient à souhaiter qu'il y ait un roman faisant le récit de cette incroyable présidence, parce que le concept a du potentiel.
Pour le reste, c'est comme un San-Antonio, les filles sont toujours prêtes à une démonstration de la chevauchée cosaque, Bérurier massacre la langue française avec obstination et brio("Moi, personnellement, j'ai jamais carmé un sou vaillant pour une prostipute. C'est z'elles qui m'font du rentre-dedans. D'toute façon, j'ai pas les moyens, comme la plupart des érecteurs !"), il y a de l'action et San-Antonio s'en sort toujours.
L'humour est aussi énormément axé sur l'actualité, les références sont disséminées au gré des pages et des noms à décoder. J'ai dû passer à côté d'un grand nombre vu que je ne suis pas les informations, mais certaines sont faciles à repérer comme le grand procès lié au médicament Prédator ou le nom des candidats à l'élection présidentielle. C'est assez savoureux, car ça reste subtil.
C'est donc une enquête qui offre complots et secrets d'état et qui permet de passer un bon moment, ce qui est l'essentiel avec un San-Antonio.
Pour finir mon passage préféré :
"Tranquilisé, la Gonfle sort une bouteille d'eau minérale de sa poche et s'en ingurge une bonne lampée. La fille Landoff renifle et tique :
- Elle a une drôle d'odeur, votre Volvic !
- Vous avez senti la pomme ? confirme l'interpellé. C'est un brouilleur de cul de Saint-Locdu qui la distille pour moi."