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Vous trouverez ici mes critiques sur les derniers films que j'ai vu, sur les livres que j'ai lu, des choses en rapport avec Harry Potter, les vampires et les histoires avec des gens qui se courent après pour se taper dessus à coup d'épée. La tortue se meut.

"L'appartement où nous vivons me fait penser à un tel lieu. Si on ne l'aime pas, on n'a qu'à partir. Si on reste, on n'a qu'à sourire."

parade.jpgAujourd'hui, dans le cadre des 10 jours japonais, je vais vous parler de Parade de Yoshida Suichi.

 

Présentation de l'éditeur : Comme à la parade! Quatre jeunes gens, qui partagent un appartement dans Tôkyô, se racontent à tour de rôle: sa vie, son passé, ses amours, ses travers, ses folies, ses manies, ses secrets. Et lorsqu'un cinquième entre par hasard dans le jeu, son intrusion change la donne et révèle ce qui trame sous les règles tacites de la communication humaine.
La petite musique de Yoshida Shuichi excelle à décrire ce qui se joue dans le phénomène de la collocation, cette communauté de vies qui est le reflet de la société tout entière. Il s'entend à orchestrer lle drame silencieux sous la futilité apparente du monde et nous ramène constamment au mystère de l'autre: celui que nous côtoyons et croyons connaître, celui que nous jouons vis-à-vis d'autrui et de nous-même, entre norme et transgression, peurs et attentes, solidarité et violence.   

 

Ce livre se compose de cinq chapitres ainsi présentés :

- Sugimoto Ryôsuke, 21 ans, 3ème année d'économie, université H ; actuellement, employé à temps partiel dans un restaurant mexicain à Shimokitazawa.

- Okôchi Kotomi, 23 ans, sans profession ; actuellement, amante passionnée de Maruyama Tomohiko, jeune acteur en vogue

- Sôma Mirai, 24 ans, dessinatrice ainsi que chef d'un magasin de couleurs ; actuellement, observatrice de la vie et grande buveuse.

- Kokubo Satoru, 18ans, prétendument employé à un "travail de nuit" ; actuellement, vend une jeunesse futile par petits bouts.

- Ihara Naoki, 28ans, employé dans une société de distribution de films indépendants ; actuellement, fait des pronostics sur la Palme d'or du 54ème festival de Cannes.

 

Parade_lefilm_06012012.jpgAinsi chaque chapitre à un narrateur propre ce qui fait en partie l'intérêt du livre, car à mesure que l'on avance dans l'histoire on découvre chaque colocataire, car chacun va se mettre à raconter là où l'autre c'est arrêté. Il ne s'agit pas d'un roman où les différents narrateurs racontent le même événement, mais chacun nous amène un peu plus loin dans la découverte de cette cohabitation. Tout se centre sur l'appartement même s'il y a quelques intrigues extérieures comme le mystère des activités du voisin du 402 ou les mises en garde contre un homme qui agresse les femmes dans le quartier. Au gré de l'histoire, on découvre les blessures des personnages, leur ennui et surtout leur incapacité à communiquer entre eux, car même si l'appartement est rarement vide, il n'y a jamais de véritable communication, chacun garde ses distances et maintient la façade nécessaire à la cohabitation au sein du groupe. 

 

C'est un roman qui nous entraîne au sein de la solitude dans nos sociétés où en apparence les liens sociaux sont plus importants mais en vérité n'ont aucune profondeur. Sur le net, que ce soit par facebook, les forums ou les autres plateformes de communication, nous sommes dans une forme d'anonymat ou plus exactement dans une communication superficielle car nous contrôlons l'image que nous donnons, nous façonnons nos idées de sorte qu'elles rentrent dans le moule imposé par le cadre où nous nous trouvons, nous nous adaptons aux règles destinées à permettre d'établir des conversations qui ne blessent personne(je pense en particulier aux règles de conduite qui régissent les forums), sur le net, nous avons la possibilité d'être autre mais nous devons faire avec les restrictions qui nous maintiennent dans le personnage que nous avons créer et qui sont destinées à nous protéger. Dans Parade, l'auteur transpose les particularités de cette communication virtuelle au sein d'un appartment et en particulier de son living-room, car, par le rôle que chaque colocataire joue, on est dans un échange où il n'y a pas d'implications personnelles mais où aussi on est renvoyé à sa propre solitude car certaines personnages se rendent compte des limitations de cette communication et ne peuvent y trouver le soulagement dont ils ont besoin, parce que certains sujets ne peuvent être abordés.

C'est d'ailleurs ce qui explique la position centrale de Mirai dans la narration, car c'est elle qui va réellement réfléchir sur ces interactions et dénoncer leur caractère factice. De fait, j'ai particulièrement aimé cette réflexion :


"Le moi qui vit ici est sans doute aucun le "moi fait pour cet appartement" que je me suis créé(ce "moi fait pour cet appartement" n'accepte pas les choses sérieuses). Donc, mon moi réel n'existe pas dans cet appartement. Le moi qui s'entend bien avec les autres colocataires (Ryôsuke, Koto, Naoki, Satoru), c'est le "moi fait pour cet appartement", à mon sens.


La question qui va du coup se poser est de savoir si ce fonctionnement des rapports humains est le bon.

 

C'est un livre qui suscite des réflexions intéressantes et réserve aussi quelques surprises. Ce fut une bonne lecture et le livre contient aussi une postface sur : L'auberge espagnole made in Japon, collocation et communication dans le Japon contemporain.

 

10-jours-japonais

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L
<br /> Ca a l'air très sympa, je note. :)<br />
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T
<br /> <br /> J'ai passé un bon moment avec et la fin est bien.<br /> <br /> <br /> <br />