Continuant à avancer dans mon stock de folio 2euros, je vais aujourd'hui vous parler des Exploits d'un jeune don Juan de Guillaume Apollinaire.
Roger vient d'avoir seize ans et il passe quelques temps à la campagne avec sa mère, sa tante et sa soeur. Dans cet univers exclusivement féminin, Roger va découvrir son corps et tenter d'en apprendre plus sur le corps féminin. Un peu voyeur et très entreprenant, Roger va vite passer à la pratique et une fois qu'il aura goûté aux joies de l'amour, plus rien ne saura arrêter son désir qui a d'ailleurs tant d'objets à portée de main.
J'ai préféré ce livre aux onze mille verges, qui est beaucoup plus proche de Sade, et il est plus agréable de suivre des aventures qui n'impliquent pas de nécrophilie ou de sévices infligées à des bébés. Ici les seules choses qui peuvent choquer sont les relations incestueuses et le fait que le narrateur aime observer les femmes lorsqu'elles sont aux toilettes(mais cela ne va pas plus loin, et je serais tentée de dire que c'est tant mieux, car Sade m'avait lassée sur ce point).
On suit les efforts du héros pour comprendre les changements qui ont lieu en lui et on assiste à sa découverte de la sexualité, avec d'abord sa compréhension des premiers signes qui marquent sa sortie de l'enfance et qui n'ont pas été sans me faire penser aux Confessions de Rousseau(lorsque Rousseau raconte l'épisode de la fessée). Son voyeurisme passe plutôt bien dans la mesure où il apparaît comme une forme de curiosité et une tentative pour comprendre les choses, car le héros se rend compte qu'il se passe quelque chose et que sa mère et sa tante ont compris de quoi il s'agissait mais personne ne le lui a expliqué.
J'ai particulièrement aimé les dernières lignes qui donnent un autre sens aux exploits de notre Don Juan. J'ai apprécié particulièrement l'ironie qui en ressortait.
C'est donc un petit livre qui n'est pas sans humour et il vaut mieux ne pas considérer trop sérieusement certains aspects du livre, qui sont certainement là pour tourner en dérision la morale bourgeoise et pour des questions de commodité narrative, car il est plus simple d'expliquer la présence de la tante et de la soeur dans la maison que celui d'une jeune fille étrangère.
Ce fut une lecture plaisante et c'est ma première contribution au challenge nécrophile 2011, ici pour la catégorie auteur enterré à Paris.