"I have always been like the Greeks and didn't know."

En ce jour de deuil pour les hellénistes, au lieu de vous parler du juge TI, je vais vous parler de Maurice d'E.M. Forster, livre dont j'avais entendu parler lors de mes recherches sur l'homosexualité dans le Phèdre et le Banquet de Platon.

Maurice Hall est un jeune homme qui n'a rien d'exceptionnel, c'est un petit bourgeois respectueux des positions sociales et sans qualités intellectuelles exceptionnels, mais il y a au fond de lui des sentiments confus qu'il ne parviendra à comprendre qu'à Cambridge, lorsqu'il fait la rencontre de Clive et à ce moment-là, sa vraie nature va se révéler à lui.

J'ai adoré ce livre, qui raconte une magnifique histoire d'amour, au sein d'une société où l'homosexualité est alors encore un délit. Le Banquet de Platon joue un assez grand rôle, puisque c'est au départ, par le biais de ce texte que Clive et notre héros arrivent à comprendre leurs sentiments et à y trouver une légitimation(par contre, l'histoire nous amène à un échec de l'amour platonicien, puisqu'on s'aperçoit que Clive, qui en était le grand avocat, n'avait jamais été gay...)

J'ai dévoré toute la première partie, la manière dont se noue la relation entre Maurice et Durham pour arriver à la surprise que représentait le dernier mot de la première partie(car je me disais avec angoisse que tout était voué à l'échec puisque c'était un certain Clive qui était mentionné dans le résumé).La suite du texte est tout aussi prenante et émouvante avec le revirement de Clive, les efforts de Maurice pour supporter sa solitude puis sa rencontre avec Scudder.

Le style est irréprochable, l'auteur arrive à peindre toute la difficulté qu'il y a à aimer au début du vingtième siècle en Angleterre. J'ai trouvé très intéressante la Note Finale où l'auteur explique certains de ses choix et en particulier explique pourquoi il n'a pas pu publier ce livre de son vivant.

Ce livre m'a vraiment marquée et c'est certainement mon histoire d'amour préférée. J'ai maintenant très envie de voir le film de James Ivory.

Comments

[Karine:)]

L'un de mes livres préférés.  J'ai vraiment beaucoup aimé. Quant à Clive, je me suis longtemps questionnée en fait.  Ne pas être ou ne pas admettre?  C'est quand même embêtant
comme question car même si l'amour passe, ça ne veut pas dire qu'il n'a pas été... (tentative d'exprimer mon idée sans trop spoiler, ici!)

[The Bursar]

Je pense que l'amour a été, mais jamais le désir, que son amour était une illusion provoquée par son dégoût pour les femmes chez lui et la recherche de quelque chose qui correspondrait à son
aspiration vers une élévation intellectuelle et qui a trouvé sa forme dans Platon. Je pense que c'est la lecture du Banquet qui lui a fait croire qu'il avait de tels sentiments, mais ses
sentiments étaient ceux de l'amour platonique et non ceux développés dans les premiers discours du Banquet.

[Ambroisie]

Oh ! Il existe en français ?

[The Bursar]

Bien-sûr. C'est exactement le même titre.

[Céline]

Tu me donnes extrêmement envie de le lire...

[The Bursar]

Il vaut vraiment la peine, et pas seulement pour ses références à platon.

[Choupynette]

j'ai le film dans ma FAV. Il faudra que je lise aussi le roman, dont je n'entends décidément que du "très bien"!!

[The Bursar]

Il faut vraiment que je pense à acheter le film surtout que je suis dans une période Hugh Grant.