"It is a truth universally acknowledged that a zombie in possession of brains must be in want of more brains."
Aujourd'hui je vais vous parler de Pride and Prejudice and Zombies de Seth Grahame-Smith et Jane Austen(qui n'avait rien demandé dans cet histoire), livre que j'ai emprunté à Cachou, parce que les critiques à son sujet étaient assez mauvaises pour ne pas me donner envie de l'acheter.
Cinquante-cinq ans plus tôt, une mystérieuse épidémie a frappé l'Angleterre, et les morts désormais sortent de leurs tombes en quête de cervelles à dévorer et quiconque a été mordu court le risque de contracter cette mystérieuse fièvre et d'aller rejoindre les légions de Satan. Face à ce monde hostile, Mr Bennet a fait instruire ces cinq filles en Chine dans les arts mortifères et c'est ainsi que les cinq soeurs Bennet sont les protectrices de l'Hertfordshire, toujours prête à débarrasser la campagne des hordes innommables qui la parcourt. Mrs Bennet, de son côté, ne pense qu'à marier ses filles et quand elle apprend que Netherfield a été loué par un jeune gentleman, c'est le début des projets, pour essayer de caser une de ses filles.
Le début du livre est trompeur, car il donne l'impression qu'on va passer un bon moment, mais je trouve que l'inspiration de l'auteur s'est essoufflé dès le bal de Netherfield, donc au bout d'un moment l'histoire est lassante et en particulier le fait d'introduire des Ninjas, en montrant notre bonne société anglaise prise d'un engouement pour l'Orient(je crois que je n'arriverais pas à me remettre de la décoration de Pemberley revu et corrigée à l'orientale) et ses arts martiaux.
Ce qui m'a agacé dans ce recourt à l'Orient, c'est qu'il n'est absolument pas justifié et je n'ai pu m'empêcher de ressentir qu'il s'agissait là d'une faute de l'auteur, qui s'est servi des clichés véhiculés par les films d'arts martiaux pour faire son histoire, plutôt que de faire des recherches sur la pratique de l'escrime en Europe. Car si l'auteur avait une quelconque connaissance de la pratique de l'escrime en Europe, il ne serait pas allé chercher les ninjas, puisque les Anglais n'ont jamais eu besoin d'eux pour apprendre à tenir une épée...Au début, la morale des samouraï et des Shaolin, c'est sympa mais ça m'a lassé très vite et j'ai fini par avoir envie d'étriper Lizzie à chaque fois qu'elle mentionnait ses "seven cuts of dishonor".
Dans les autres points négatifs, ce sont les modifications apportées à certains personnages, comme le fait que Whickam en plus de laisser des dettes, sème des bâtards en quantité, que Mr Bennet n'a pas toujours été fidèle comme Mrs Gardiner et surtout le fait que Darcy n'hésite pas à donner de bonnes corrections à ceux qui le trahissent(je n'ai pas du tout apprécier le fait qu'il tabasse Whickam au point de le rendre infirme, ce n'est pas du tout dans le personnage).
Sinon, il y a des points positifs, le début est assez bien fait, j'ai bien aimé l'explication donnée à l'obsession de Mrs Bennet de marier ses filles. J'ai aussi beaucoup aimé les euphémismes utilisés pour désigner les zombies et le nom des ligues et associations auxquelles Mr Bingley et Mr Darcy appartiennent.
Ensuite(attention spoiler), j'aimé le fait que Charlotte devienne un zombie, et surtout le fait que personne ne semble s'apercevoir de la chose lors de la visite de Lizzie dans le Devonshire, en particulier ses parents, car tout de suite, ça donne une autre image des personnages, qui sont tellement obsédés par les biens matériels, qu'ils se fichent de l'individu lui-même et donc on ne s'intéresse à Charlotte que par les avantages matériels qu'elle a et c'est la seule compte qui compte à son sujet. C'est également ce que j'ai aimé dans le fait que Whickam devienne infirme, j'ai adoré les exclamations de joie de Mrs Bennet qui ne s'intéresse qu'au fait que sa fille soit marié et non à l'état dans lequel se trouve le mari. Ces deux éléments donnaient une vision plutôt sombre de la société victorienne, ce qui est un effet que j'ai apprécié, mais que j'ai trouvé mal exploité, car on ne parle pas tant que ça du fait que Charlotte soit un zombie, ce que j'ai trouvé décevant et pour Whickam, j'ai trouvé que c'était mal introduit, car quand on ne sait pas pourquoi il épouse Lydia et que tout le monde s'interroge sur la raison pour laquelle il l'accepte pour si peu, j'ai trouvé ça peu cohérent vu que s'il est infirme et incontinent, il devrait au contraire être empressé de s'assurer une garde-malade non-rémunérée à vie. Puis quand on sait que c'est en fait Darcy qui l'a rendu ainsi, j'ai trouvé que c'était pire, vu que ça ne ressemblait pas du tout à Darcy.
Pour la question de ma référence à Flaubert dans le titre de cet article, il s'agit d'une réflexion qui m'est venu en lisant la seconde demande en mariage de Darcy et les scènes qui suivent où Darcy explique comment il est tombé amoureux de Lizzie. J'ai trouvé que c'était très décevant, parce qu'on tue seulement des zombies sur le chemin du retour, alors que ça aurait été génial s'ils avaient tenu cette discussion sur l'origine de leurs sentiments, pendant une grosse attaque de zombie, le contraste aurait pu donner quelque chose de drôle, ce qui m'a fait pensé à Flaubert, car, dans Mme Bovary, le moment où Rodolphe fait sa cour à Emma avec son discours sur les âmes soeurs avec en bruit de fonds les commentaires des commices agricoles dont "Fumiers", est vraiment l'exemple parfait d'une mise en dérision du langage amoureux, et c'est un tel effet qu'on aurait pu attendre d'une parodie à base de zombies.(fin des spoilers).
Une autre chose que j'ai aimé furent les illustrations.
Dans l'ensemble, c'est un livre décevant, une parodie assez plate bien qu'il y ait un ou deux passages assez savoureux.