
En principe, je suis brouillée avec Blanchot, à cause de sa manière d'interpréter Rousseau dans le livre à venir, mais là, il ne s'agit pas de critique, il s'agit d'une des oeuvres littéraires de Blanchot, donc je n'ai pu résister à l'envie de voir ce que peut donner un texte littéraire de Blanchot et de voir si c'est aussi incompréhensible que le reste.
Ce livre, c'est L'attente, l'oubli.
Une femme parle à un homme. Qui sont-ils ? de quoi parle-t-il ? pourquoi sont-ils dans cette chambre d'hôtel ? nous n'en savons rien. Tout ce que nous voyons pendant ces 122 pages ce sont leurs efforts pour trouver le mot juste, cerner ce qui exprimera le plus exactement le contenu de leurs pensées, essayer de mettre des mots sur une impression, essayer de comprendre les motivations de leurs paroles et de leur gestes, chercher à comprendre le fonctionnement de la parole. Il ne se passe rien, tout se joue dans cet échange mystérieux et impersonnel.
"Depuis quand avait-il commencé d'attendre ? Depuis qu'il s'était rendu libre pour l'attente en perdant le désir des choses particulières et jusqu'au désir de la fin des choses. L'attente commence quand il n'y a plus rien à attendre, ni même la fin de l'attente. L'attente ignore et détruit ce qu'elle attend. L'attente n'attend rien.
Quelle que soit l'importance de l'objet de l'attente, il est toujours infiniment dépassé par le mouvement de l'attente. L'attente rend toutes choses également importantes également vaines. Pour atteindre la moindre chose, nous disposons d'une puissance infinie d'attente qui semble ne pouvoir être épuisée.
'l'attente ne console pas.' - 'Ceux qui attendent n'ont à être consolés de rien.' "
"Croyez-vous qu'ils se souviennent ?" - "Non, ils oublient." - "Croyez-vous que l'oubli soit la manière dont ils se souviennent ?" - "Non, ils oublient et ils ne gardent rien dans l'oubli." - "Croyez-vous que ce qui est perdu dans l'oubli soit préservé dans l'oubli de l'oubli ?" - "Non, l'oubli est indifférent à l'oubli." - "Alors, nous serons merveilleusement, profondément, éternellement oubliés ?" - "Oubliés sans merveille, sans profondeur, sans éternité."
J'ai apprécié ce livre pour son mystère(comprendre que je n'y ai rien compris) et la manière dont il pose le problème du langage, de l'adéquation entre la pensée et le mot et de la relation à autrui. Un texte intéressant qui me donne envie de découvrir le reste de l'oeuvre littéraire de Blanchot et peut-être même de redonner une chance à ses ouvrages critiques.
Ce livre me permet de remplir la lettre B de ma liste pour le challenge ABC 2010.
