Aujourd'hui nous allons parler du banquet et de l'apologie de Socrate de Xénophon. Il faut savoir, tout d'abord, que je n'aime pas particulièrement Xénophon, car Xénophon a un style lourd, avec des répétitions, et c'est l'équivalent des petites roues pour les hellénistes, puisque c'est l'auteur que l'on traduit en abondance quand on est débutant. Mais alors pourquoi, tout d'un coup me suis-je mise à la lecture de Xénophon ? Pour mon mémoire, évidemment, car Xénophon, c'est l'autre source sur Socrate et il présente un Socrate différent de Platon, certains passages sont aussi mentionnés dans mes textes et anthologies relatives à l'homosexualité grecque.
Le premier texte est celui du Banquet, qui fait certainement écho à celui écrit par Platon.
Socrate, accompagné de Critobule, Hermogène, Antisthène et Charmide, est invité par Callias à un banquet que celui-ci donne en l'honneur du jeune Autolycos, qui vient d'être victorieux au pancrace. Xénophon nous raconte comme se déroule un banquet traditionnel entre gens bien éduqués et surtout comment son maître savait se comporter dans les Banquets.
Il y a neuf chapitres, le premier est la mise en place des personnages et l'arrivée du bouffon Philippe, le second rapporte le divertissement donné par un Syracusain et sa troupe, avec les discussions des convives sur ce qu'ils voient, le chapitre III est une discussion où chaque convive énonce ce qu'il juge être sa fierté tandis que le quatrième rapporte les éloges des qualités que chacun vient de mettre en avant. Dans le chapitre V, Socrate essaie de démontrer qu'il est plus beau que Critobule, dans le sixième on discute de ce qui constitue l'attitude inconvenante d'un convive, dans le septième, Socrate demande aux Syracusains de leur préparer une pantomime, dans le huitième, on parle d'Eros et le dernier chapitre raconte comment la soirée s'est finie.
Les plaisanteries ne volent pas toujours très haut, le texte lui-même est très terne en comparaison à Platon. Mon intérêt sur ce texte se résume à quelques passages relatifs à la pédérastie, dont le moment où Charmide explique pourquoi il considère que sa beauté est un vecteur de vertu, mais surtout le moment où Socrate explique pourquoi il considère que sa fierté est dans le fait d'être un entremetteur. Ce qui me fascine le plus dans ce "Socrate entremetteur", c'est le terme grec employé, qui signifie d'après Bailly, celui qui excite à la débauche et qui d'après ce que dit le Socrate de Xénophon et mes notes, est en fait l'équivalent d'un tenancier de bordel, tandis que le personnage d'Anthisthènes va être désigné par un autre terme qui correspond en gros à notre terme de proxénète. Donc je m'amuse assez, à essayer de déterminer qui signifie quoi.
Pour ce qui est de l'Apologie de Socrate, il faut savoir qu'après sa mort, Socrate est vite devenu une figure littéraire et que Platon n'a pas été le seul à écrire des dialogues socratiques, et la question du procès de Socrate a également été pas mal abordée. Ainsi Platon a écrit une apologie, et Xénophon également.
Dans la version de Xénophon, l'accent est mis sur le fait que Socrate voulait mourir :
6 "Mais maintenant, si j'avance encore en âge, je sais que nécessairement j'aurai à subir les inconvénients de la vieillesse, que ma vue baissera, que j'entendrai moins bien, que j'aurai plus de peine à apprendre et plus de facilité à oublier ce que j'ai appris. Or, si j'ai conscience de cette déchéance et que je sois mécontent de moi-même, comment ma vie, poursuivit Socrate, pourrait-elle m'être encore agréable ?"
Socrate apparaît comme quelqu'un de très fier dans cette version de son procès, mais par rapport à Platon, on perd tout le développement sur la technique de Socrate et sa quête d'un homme plus sage que lui, ce qui est mon passage favori de l'apologie écrite par Platon. L'intérêt de la version de Xénophon est seulement dans cette explicitation du fait que Socrate voulait mourir.
Donc maintenant, je n'ai plus qu'à me coltiner les mémorables et l'Economique en version anglaise, puisque c'est dans l'édition Loeb qui a le mérite de contenir aussi dans le même volume le Banquet et l'Apologie de Socrate, que je les ai... les mémorables n'étant pas si aisé que ça à obtenir en bilingue français.
En tous cas, cette lecture correspond à la lettre X de mon challenge ABC.