
Pour vous le présenter brièvement, le Phèdre est un dialogue de Platon mettant en scène Socrate et Phèdre au bord le l'Illyssus, les cigales chantent, il fait une chaleur étouffante et donc tous deux s'installent dans l'herbe pour parler d'amour, ou plus exactement tout commence avec Phèdre qui revient d'une conférence de Lysias avec entre les mains le discours de Lysias où celui-ci démontre - dans la tradition des éloges paradoxaux à la mode à l'époque dans les écoles de rhétorique - qu'il vaut mieux accorder ses faveurs à qui n'aime pas plutôt qu'à qui aime. Phèdre lit ce discours à Socrate, puis Socrate, n'appréciant pas la manière dont la démonstration est faite, se retrouve à faire un discours sur le même sujet. Ensuite, Socrate va faire un nouveau discours destiné à racheter le précédent car il pense avoir commis un acte impie contre le Dieu Eros et il va faire l'éloge du transport amoureux, ce qui va être l'occasion d'un des mythes platoniciens, celui de la procession divine et de l'âme comme un attelage aîlé. Ce sera l'occasion de développer une théorie de l'amour qui sera ce que nous appelons l'amour Platonicien, c'est-à-dire le fait qu'il convient de ne pas céder au désir charnel, car le véritable amour ne passe pas par la satisfaction d'appétit sexuel mais par le fait de vivre ensemble et de chercher ensemble à atteindre la sagesse.
La dernière partie du dialogue est une discussion, non sur l'amour mais sur la rhétorique, les discours précédents étant considérés comme des exemples de rhétorique et le tout s'inscrit dans une réflexion sur le lien qui devrait exister entre rhétorique et vérité.

Tout d'abord le sujet du discours de Lysias est : faut-il accorder ses faveurs à celui qui n'aime pas plutôt qu'à celui qui aime ? la personne qui accorde ses faveurs est un adolescent ou un jeune homme, puisque chez les grecs, les relations étaient essentiellement entre un jeune homme, qui occupait un rôle passif, et un homme plus âgé, qui est le partenaire actif dans la relation. Il faut savoir que seul le partenaire actif est considéré comme éprouvant du plaisir dans la relation, ce qui fait que la séduction du jeune homme implique de lui proposer des avantages, ainsi à la fin du Banquet, Alcibiade explique comment il a décidé d'offrir ses faveurs à Socrate - qui ne les a pas accepté - dans le but de profiter de l'enseignement de Socrate. Dans le Phèdre, ce qui est proposé au jeune homme, c'est une sorte d'allié, qui sera là pour le soutenir dans l'adversité. La relation est fondé davantage sur un échange de services que sur de l'affection. Ce qui initialement suscite la relation, c'est la beauté du jeune homme. L'idée d'aimer quelqu'un qui n'a aucune beauté est impensable chez Platon.
Il faut noter aussi que le sujet du discours de Lysias aurait été complètement immoral si cela avait été une femme et non un jeune homme qui devait décider de la personne à qui offrir ses faveurs. Les femmes de la bonne société athénienne ne choisissait pas leurs époux, le mariage n'était pas fondé sur l'amour mais sur des intérêts financiers et ces femmes n'étaient pas sensée sortir de chez elles et être vue par des hommes extérieurs à la famille, en plus de cela, l'adultère était sévèremment punis, le mari pouvant tuer l'amant s'il surprenait celui-ci en flagrant délis, donc du côté des femmes libres de bonne famille, les possibilités de séduction étaient très limitées et dangereuses.

Il y a même une série de constat sur des points sur lesquels on ne peut fonder une relation stable, ainsi, on a l'importance qu'il faut accorder au caractère de l'être aimé, afin de savoir si quand l'attraction due au physique sera passé, il sera possible d'établir une relation d'amitié, le fait que le bon compagnon c'est celui qui va aider l'être aimé à s'améliorer à s'épanouir alors que celui qui n'est intéressé que par son désir ne cherche qu'à encourager l'autre à prendre une forme qui lui plaît, donc à cultiver les traits physiques qui lui plaisent au lieu de chercher le mieux pour son aimé, et il vaut mieux quelqu'un qui va corriger l'aimé plutôt que le flatter sans cesse.
On retrouve derrière les arguments donnés dans les différents discours, des préoccupations qui sont toujours d'actualité et la recherche d'un compagnon durable est présente même chez Platon.