Je suis revenue à Paris pour quelques jours et c'est le pur bonheur !
A peine arrivée, j'ai foncé chez Gibert chercher le yaoi que je veux désespéremment lire depuis plusieurs jours : Rien n'est impossible de Hinako Takanaga, parce que c'est de cette série qu'est tiré The tyrant who fall in love. Comme the tyrant est un spin-off, il y avait pas mal de références qui m'intriguaient parce qu'ils semblaient faire référence à des événements précis d'une histoire précédente. Du coup, j'ai spéculé pendant plusieurs jours sur le contenu de Rien n'est impossible. J'ai donc dû faire beaucoup d'effort chez Gibert pour ne pas couiner dans le magasin parce que j'avais trouvé le tome 3 et que le tome 3 montrait justement THE scene que j'espérais. Après je me suis rendue chez Album, pour mettre le main sur les deux autres et ce fut très dur de m'empêcher de les lire dans la rue(bon j'ai tout de même attaqué le 1 dans le métro...).
Donc aujourd'hui je vais vous parler du tome 1.
Kurokawa est un homme qui a beaucoup de succès auprès des femmes, bien que lui-même ne soit pas très motivé pour en tirer partie, au grand désespoir de son ami Isogai, qui lui voudrait bien rencontrer un tel succès en amour. Après une soirée bien arrosée, les deux amis tombent sur le jeune Tomoe, un lycéen venu à Tokyo passer un concours d'entrée dans une école prestigieuse, et qui erre à la recherche d'un hôtel. Kurokawa est touché par une telle innocence et décide de l'héberger. Mais rapidement il s'aperçoit qu'il éprouve des sentiments pour ce jeune homme tout naïf et quand Tomoe est de retour à Tokyo quelques mois plus tard en quête d'un appartement, il décide de lui louer la chambre libre qu'il possède, espérant ainsi se rapprocher de Tomoe, mais c'est sans compter l'arrivée du grand frère de Tomoe, Sô-Ichi, qui suspecte aussitôt Kurokawa de vouloir profiter de la naïveté de Tomoe. Kurokawa réussira-t-il à avouer ses sentiments à Tomoe sans se faire assassiner par Sô-Ichi ?
Au départ, le dessin peut reputer parce qu'il est très loin de l'élégance que l'on trouvera dans le Tyran mais c'est une tarre seulement du premier tome et que l'auteur reconnaît, car il se trouve que c'était le tout premier travail de mangaka de l'auteur et ça remonte maintenant à il y a plus de dix ans. Donc le dessin s'améliore ensuite. Il vaut la peine de s'accrocher, car ce tome est en fait très drôle, surtout quand on connaît déjà le tyran, parce qu'on s'attend aux réactions de Sô-Ichi, qui est homophobe et prêt à tout pour protéger son gentil petit frère de ces hordes perverses qui veulent profiter de lui.
Mais finalement quand on lit l'histoire, l'homophobie de Sô-Ichi devient très compréhensible : le père est constamment absent, ce qui fait que Sô-Ichi est obligé d'endosser le rôle de la figure paternelle et il prend son rôle très au sérieux, donc au départ tout vient du fait qu'il a peur qu'il arrive quelque chose à Tomoe, donc au départ il hait les gays, parce qu'il a peur que quelqu'un n'abuse de son petit frère, alors que celui-ci est dans une autre ville et qu'il ne peut du coup plus le protéger. Et quand on voit Tomoe, ses inquiétudes deviennent moins irrationnelles, car Tomoe est vraiment naïf, au point que dans un rêve Kurokawa l'imagine en train de lui dire après l'amour qu'ils vont avoir un bébé(scène particulièrement drôle à cause de la personne qui va se retrouver dans le berceau avec sa clope à la main) et assez facile à manipuler parce qu'il ne voit le mal nulle part, et d'ailleurs, il n'a pas tord, puisque Kurokawa invite effectivement Tomoe chez lui dans l'espoir de le séduire...
J'ai d'ailleurs adoré la manière dont Sô-Ichi est introduit dans l'histoire. Il arrive dans le chapitre 2, dans la première planche, il apparaît de façon discrète, il n'est pas nommé, on voit juste un profil imprécis qui s'adresse à Tomoe qui est au centre de l'image. On penserait plutôt qu'il s'agit du père de Tomoe vu ses paroles, et ce n'est que quelques pages plus tard qu'on nous apprend que c'est en fait le grand frère de Tomoe, qui a élevé celui-ci depuis la mort de leur mère, parce que leur père est toujours absent, donc on s'attend plutôt à une sorte de figure bienveillante(moi, non, donc je jubilais devant ces fausses pistes), puis arrive la rencontre entre Kurokawa et Sô-Ichi(l'image du dessous), où Sô-Ichi apparaît tout de suite comme le personnage hostile.
Pour en revenir au contenu, les situations sont souvent assez drôles, entre l'innocence complète de Tomoe qui va mener à quelques malentendus et de l'autre la fureur de son frère, prêt à débarquer à tout instant pour protéger son frère, il me fait énormément penser à Kaori l'assistante de Ryo Saeba/Nicky Larson, parce qu'un peu comme elle, il a l'art d'arriver au moment opportun prêt à donner une correction à Kurokawa, je l'imaginerais d'ailleurs bien sortir un maillet de son sac. En plus, on découvre dans ce premier tome, un personnage qui n'est pas dans the Tyrant, c'est Rick, l'américain, que j'ai baptisé Super Gay, car il est vraiment présenté comme le Gay pur et dur.
Rick est d'ailleurs le seul personnage complètement Gay de l'histoire, puisque Kurokawa se rend compte de ce qu'il est en rencontrant Tomoe, tandis que Isogai est réellement hétéro mais est une vraie marieuse, donc c'est lui qui va essayer de rapprocher Kurokawa et Tomoe, et c'est aussi lui qui va mettre son grain de sel dans The Tyrant, bien que dans The Tyrant on puisse avoir quelques doutes quant à l'efficacité de ses interventions.
Cette lecture m'a aussi permis de découvrir quelques différences entre la Vf et la version anglaise... Certaines sont assez impressionnantes, c'est à se demander combien de sens peut avoir une phrase japonaise.
Le truc que je reproche vraiment à la traduction française et qui est une tare qu'on trouve assez souvent dans la traduction des mangas, c'est le fait de ne pas conserver les suffixes japonais, alors que les anglais les gardent. Le grand drame arrivant dans les tomes suivants(au point que je me demande si je ne vais pas aussi acheter les versions anglaises...)c'est que Morigana appelle Sô-Ichi, Sô-Ichi, alors qu'il ne l'appelle jamais comme ça en anglais, mais Senpai, ce qui marque l'écart entre les deux. Les changements dans les suffixes sont des indices des relations entre les personnages, donc ça m'ennuie que ce genre d'information disparaisse dans la vf.
Bref c'est un premier tome qui mérite d'être lu malgré la qualité du dessin.