
Notre héroïne, Cleo Hollings est la première adjointe du maire de New York qui est connu pour son côté très ferme, étant appelée la sorcière de Murray Street, pour les détails physiques, je vous conseille d'aller voir le billet de Restling qui a traité de ces points et d'autres avec brio.
Le problème de notre adjointe c'est qu'elle est frustrée, car son dernier orgasme remonte aux Kalendes grecques et qu'elle n'a que ses rêves érotiques pour assouvir ses fantasmes, parce qu'entre ses responsabilité très prenante et son obstination à vouloir consacrer tout son temps libre à vouloir s'occuper de sa mère atteinte d'Alzheimer, qui serait certainement mieux dans une maison spécialisée, il ne lui reste plus de temps pour s'occuper d'elle-même et prendre du bon temps. Autre obstacle - car une héroïne se doit d'avoir une blessure secrète que l'Homme va devoir dépasser pour pouvoir réussir à l'épouser- elle ne fait plus confiance aux hommes depuis que son petit-ami l'a quitté parce qu'il refusait d'aller s'installer dans la maison de sa mère et donc elle est persuadé qu'aucun homme ne respectera son désir de s'occuper de sa mère et qu'il la quittera quand il apprendra le prix à payer pour être avec elle. Elle est donc décidé à ne plus avoir de relations sérieuses et à ne s'en tenir qu'au sexe.
Heureusement pour notre héroïne Sean O'Sullivan débarque dans son bureau (pendant qu'elle fait un rêve érotique...)pour lui demander d'intervenir dans un problème concernant le pub de son frère qu'un membre de la municipalité essaie de faire fermer. Ils sont aussitôt attiré l'un par l'autre et Sean décide de faire la conquête de cette très sexy adjointe au maire. Celle-ci se méfie parce qu'elle le suspecte de ne vouloir la séduire que pour qu'elle règle son problème. De rencontre en rencontre, elle finit par céder du terrain d'autant que Sean est capable d'amener une femme au bord de l'orgasme juste en l'embrassant. Elle trouve donc en Sean l'incarnation de ses fantasmes érotiques et luttent pour que leur relation reste une simple affaire de sexe mais, bien sûr, l'amour s'en mêle et Sean va tout faire pour faire comprendre à Cleo que ce qu'il y a entre eux n'est pas juste sexuel et il va réussir à lui prouver qu'on peut compter sur lui et qu'il n'a rien contre le fait d'habiter avec sa mère et de s'occuper d'elle.
Le dénouement vous vous en doutez, ils vécurent et eurent plein d'enfant mais le bonus c'est que leur fille devint présidente des USA et que comme dans un Jane Austen, la mère meurt de façon très opportune durant les premières années de leur mariage.
J'ai choisi ce livre parce qu'il appartennait à la collection audace, et qu'après mes harlequins des années 80, je voulais quelque chose d'un peu moins sage...La collection audace c'est celle qui a pour formule "Sexy. Impertinent. Osé.", bref , comme vous avez dû vous en douter par mon résumé, c'est la version érotique des harlequins, mais ça reste sage, on a un rêve érotique sympa, une autre manière de consommer de la crème brûlée, des baisers très brûlants et quelques parties de jambes en l'air qui comblent toujours nos héros d'une manière parfaite, mais ça reste très conventionnel et on ne trouvera pas les deux pratiques les plus courantes chez le marquis de Sade(non, mais je l'ai lu dans un but philosophique celui-là...). Le trait qui revient dans cette collection, c'est le coup de l'héroïne qui a eu sa dose des hommes et décide de ne plus avoir que des relations purement sexuelles, avant bien-sûr de redécouvrir l'amour grâce à son bel étalon et tout le monde se marie.
Par rapport à la fée captive et à prise au jeu, les deux romans des années 80 que j'ai étudié dans l'optique de la place de la femme, nous sommes face à une évolution. Dans ce roman, l'affirmation de la femme comme pouvant être l'égal de l'homme et donc son refus d'être une femme au foyer n'est plus un enjeu, notre héroïne est première adjointe et elle ne cherche plus à affirmer sa crédibilité dans ce rôle, celle-ci n'étant plus mise en question. C'est une femme dominatrice qui apparait dans ce livre, l'homme étant objectifié puisqu'il n'est au départ rien de plus qu'un sex toy vivant, alors que l'adjointe est plus que ça pour lui, elle n'est pas interchangeable ou échangeable avec une poupée gonflable. La lutte du coup va avoir lieu seulement sur le plan sexuel, il va s'agir de savoir qui domine qui ou plus exactement qui est le plus dépendant de l'autre sexuellement... Sean va gagner parce qu'il a des doigts de fée. Faut-il donner une signification à cela je n'en suis pas certaine, même si en réfléchissant un peu je dois être capable de lui donner un sens, simplement par le fait qu'il y a des récits qui mettent en avant le fait que la femme ressent davantage de plaisir que l'homme dans l'acte sexuel, comme par exemple, celui-ci issu de la mythologie grecque : Zeus et Héra cherche à savoir quel sexe éprouve le plus de plaisir et donc consulte le devin Tirésias qui a passé quelques années dans le corps du femme donc a pu éprouver les deux aspects de la chose. Il répond que ce sont les femmes et de rage, Héra le rend aveugle et Zeus pour compenser, lui donne le don de voir l'avenir.
Après ce premier point sur l'évolution de la femme chez harlequin, je vais vous parler du point que je voulais vraiment traiter, à savoir la théorie du Beau dans Harlequin. Chez les grecs, il y avait une tendance à considérer qu'il y avait corrélation entre la beauté extérieure et la beauté intérieur, donc celui qui est bon devait normalement être bon et chez Platon, quand notre âme voit un beau garçon, celle-ci est attiré par lui parce qu'à travers sa beauté, c'est un reflet de l'Idée du Beau que nous voyons et donc l'amour est un moyen de nous élever vers les idées. et en essayant de se joindre à l'autre c'est en fait l'Idée que nous essayons d'atteindre.
La beauté extérieure a un grande importance et c'est ce que nous retrouvons dans les harlequins, car l'Homme est beau, il y a toute suite une attirance irrésistible qui pousse l'héroïne vers lui et qui lui ôte tous ses moyens, ne désirant faire plus qu'un avec lui et bien sûr ce bel homme s'avère toujours être un homme bon, ce qui nous indique que l'Harlequin est l'héritier de la vieille morale grecque qui fait que si l'Homme est beau, il est nécessairement bon et du coup ils vont passer leur vie ensemble parce qu'ils sont éblouis par leur beauté mutuel, sauf que c'est là que ça dérape par rapport à Platon, c'est que la chasteté est une chose un brin honteuse, alors que pour Platon c'est la finalité, l'amour doit resté pur pour élever l'âme, tandis que les héros d'harlequin vivent dans la luxure et sont tout à fait incapable de dominer leur passion qui les entraîne inévitablement vers le monde bassement matériel mais comme c'est une tentative de faire un avec le beau qui est à l'origine de leur désir pour l'autre, ils ne sont pas non plus complètement désespérés aux yeux de Platon.
Dans l'harlequin, nous apprenons que la beauté est le meilleur des guides pour trouver l'homme de sa vie mais l'amour est lié inévitablement au désir sexuel. Un bon amant est l'homme avec qui il faut faire sa vie, car même quand l'acte est interrompu, celui-ci promettait d'être extraordinaire, l'homme comble toujours la femme dans un harlequin.
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