
A la fin de Dune, nous laissons Paul Atréides après sa victoire lors de la bataille d'Arrakeen et son accession au trône impérial, avec le Jihad sur le point d'éclater, car Paul a saisi le pouvoir en jouant sur les croyances religieuses du peuple Fremen qui l'a recueilli et qui le voit comme l'élu qu'ils attendaient. Dans le Messie de Dune, nous le retrouvons 12 ans plus tard, alors que le Jihad est passé et que son empire est bien installé. C'est cet intervalle de 12ans que Paul of Dune de Brian Herbert et Kevin J. Anderson couvre dans ce livre, qui vient s'incrire dans la série de romans qu'ils ont écrit en prolongement de l'oeuvre initiale de Frank Herbert.
Dans ce livre, on voit le cheminement de Paul et comment il va s'éloigner peu à peu du code de valeur qui lui a été inculqué par le duc Leto pour devenir Paul Muad'Did, le nouvel empereur et un homme vénéré par des armées de fidèles. Nous suivons ces efforts pour contrôler le Jihad, essayer de lui faire emprunter la voie qui selon sa prescience mènera l'humanité vers des temps meilleurs tandis que différentes factions élaborent des plans pour mettre un terme à son règle sanglant et placer leur propre pion sur le trône.
A travers tout ce récit, c'est à l'évolution politique de Paul que nous assistons et comment celui-ci a été changé par les atrocités qui sont commises en son nom ou contre lui. Mais l'histoire ne s'arrête pas là, et nous emmène aussi des années plus tôt, lorsque Paul avait 12 ans, pour nous raconter la guerre des assassins que la maison des Atréides a mené aux côtés de la maison Ecaz et qui a profondément marqué Paul. Le durcissement de la conduite du duc Léto durant ces événements sont le miroir de la propre conduite de Paul, qui va aller plus loin que son propre père, dont les maximes de prudence ont perdu une part de leur valeur par le fait qu'elles n'ont pas su empêcher son assassinat par le baron Harkonnen.
J'ai apprécier la structure de ce roman qui alterne les parties ayant trait au règne de l'empereur Muad'Dib et celle sur la guerre des assassins. Les deux histoires se lient très bien ensemble, les auteurs réussissant à susciter notre curiosité vis-à-vis de cette guerre durant les parties sur l'empereur, nous amenant à vouloir en savoir davantage et dans le livre le personnage d'Irulan reflète notre propre curiosité, l'histoire semblant suivre ses propres efforts en tant que biographe officielle de l'empereur pour essayer de percer les zones d'ombres dans la figure de Paul qui prend de plus en plus une ampleur mythique.
L'histoire relative à la guerre des Assassins est très intéressante parce qu'elle vient s'insérer dans le trou qui existait entre le récit de Dune et celui des préquelles écrites par nos deux auteurs à savoir la Maison des Atréides, la Maison Harkonnen et la maison Corrino, et cette guerre est elle-même la suite d'une série d'événement raconté dans les prequelles : la destruction de l'école de Ginaz par le Vicomte Moritani et sa lutte contre la maison Ecaz. Par ce récit, on retrouve ainsi des figures connues telles que Duncan Idaho, le duc Léto Atréides, le baron Harkonnen ou encore le Prince Rhombur Vernius d'Ix, qui sont des personnages auxquels je me suis pas mal attachée à travers les préquelles que j'ai déjà lu et que j'ai donc retrouvé avec plaisir.
La ligne en rapport avec l'empereur m'a aussi beaucoup plu, car c'est très intéressant de suivre la lutte de Paul face à ce monstre qui est en train de se développer autour de lui et j'ai facilement compatis avec sa solitude face à cet avenir que la vision presciente lui a révélé et qu'un rien pourrait entraîné à la catastrophe.
Sinon, on retrouve les éléments habituels tels que des complots avec en prime une visite du côté du Bene Theilax et la question du comment transformer les conquêtes du Jihad en un empire viable.
Bref c'est un livre que j'ai lu avec un grand plaisir et qui va certainement m'amener à relire le Messie de Dune à mon retour à Paris et à enchaîné ensuite sur la suite qui lui a été écrite par Brian Herbert et Kevin J. Anderson, the Winds of Dune.