
J'ai d'abord été étonnée par ce livre, car je m'attendais plus à une approche à Jean Pierre Vernant, avec un langage très chatié et où l'on aurait traité de l'homosexualité sans faire la moindre référence aux pratiques sexuelles et en fait, Kenneth J. Dover n'hésite pas à appeler un chat un chat et à se pencher sur l'étude des représentations érotiques(le livre en contient d'ailleurs un certain nombre dans les illustrations), des graffitis ou des questions d'homosexualité passive et active.
Ce livre est donc tout à fait passionnant, Dover essaye de rester neutre, c'est-à-dire de ne pas faire un ouvrage partisan où l'on se sert de l'étude des grecs pour démontrer ses propres positions sur l'homosexualité, son but est d'éclairer les comportements de l'époque sans juger mais en même temps ses opinions ne sont pas toujours dissimulées et il n'hésite pas à dire clairement son opinion propre, comme par exemple, lorsqu'il aborde la question de savoir si Socrate a couché ou non avec Alcibiade et qu'il s'attauqe à certains partisans du fait qu'il ait couché avec, sur le fait que ce n'est pas là l'important, point avec lequel je suis en parfait accord, la question ne présente d'intérêt que parce qu'elle nous permettrait d'avoir une idée plus nette de la véracité des témoignagnes laissés par Platon et Xenophon, et dans mon cas permettrait de savoir à quel point Platon a idéalisé Socrate.
Dover part de l'analyse du procès qu'Eschine a intenté à Timarque pour prostitution pour explorer les rapports que les Athéniens entretrenaient avec l'homosexualité. Dans ce livre, on a le droit à une réflexion sur la distinction entre prostitution et relation amoureuse, la différence entre ce qu'un citoyen et un étranger était en droit de faire dans ce cas-là, on découvre comment un erastes(amoureux ou le dominant) faisait sa cour à l'eromenos(le jeune homme dont on cherchait les faveurs), la différence qui pouvait exister dans ses pratiques entre les différentes classes de la société, et les différentes raisons qui menaient à poursuivre des conquêtes masculines. L'homosexualité féminine est abordée brièvement car les données sur le sujet sont peu nombreuses, ce qui mène l'auteur à penser qu'il devait y avoir un tabou sur la question.
J'ai aussi appris pas mal sur la question des représentations sur les vases en céramique et je commence à maîtriser les détails à connotation sexuelle chez Platon, ce qui est un grand progrès dans la mesure où j'ai une grande capacité de cécité sur la question depuis que j'ai pris Théétète pour le mignon de Théodore dans une version grecque.
Comme ce livre m'a plu, j'ai commandé Greek Popular Moral du même auteur, dans l'espoir de pouvoir le lire à la plage.