11 mai 2009
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Contrairement à mes habitudes, je vais vous parler d'une de mes lectures philosophiques, à savoir le nouvel ordre écologique de Luc Ferry. C'est un livre très agréable, bien que ça ne fasse pas partie des livres que je prends le temps de lire vu que je préfère travailler directement sur les auteurs, car je trouve qu'utiliser des connaissances de seconde main dans une dissertation est risqué. Luc Ferry explore les différents courants de l'écologismes, avec ceux qui ont une perspective anthropocentrique c'est-à-dire qu'il faut protéger la nature parce qu'elle nous est nécessaire ou les courants extrêmes comme la deep ecology où l'on accorde une valeur excessive à la nature. Il y a aussi la présentation de l'écologie nazie avec ses origines dans la conception romantique de la nature et le fait qu'on retrouve beaucoup de point communs dans les théories de l'écologie profonde, car dans les deux cas, il y a une remise en question de l'uniformisation instaurée par la modernité et la république. La partie sur l'écoféminisme est aussi intéressante, en deux mots, il s'agit d'un courant qui met sur le même plan la domination de la femme par l'homme et celle de la nature, sur l'idée que notre rapport à la nature n'est pas anthropocentrique mais androcentrique, car tout est marqué par la domination des mâles, Ferry montre d'ailleurs assez bien quelles dérives dangereuses pour la condition des femmes une telle théorie peut entraîner, car à force d'insister sur la différence homme/femme ont fini par relégitimer les vieux préjugés comme l'intuition féminine.
Ferry est très clair dans sa présentation des arguments des différents courants et j'aime assez son style, vu que certaines de ses remarques ironiques viennent rejoindre les reflexions que je me faisais également face à certaines des doctrines présentées.
j'ai adoré l'avant-propos, vu qu'au tout début, Ferry nous raconte les procès qui furent intentés aux seizième siècle à des animaux, où les paysans ont perdus face à la colonie de charençon tandis que les sansues du lac de Berne furent excommuniées. Les doctrines écologiques ont un côté vexant, car un de leurs arguments est que puisque l'on a reconnu le droit des noirs, celui des femmes, il est temps de reconnaître celui des animaux ou des arbres et des rochers. Je trouve en soi très flatteur que l'on considère mes droits comme tombant autant sous le sens que ceux des rochers... L'écoféminisme est un mouvement qui me déplaît particulièrement, vu que moi quitte à choisir je préfère passer du côtés des mâles, vu qu'on reconnaît qu'ils sont rationnels, tandis qu'on colle les femmes du côté du sentiment et je ne vois pas pourquoi je n'aurai pas le droit d'être rationnelle comme les mecs ! Concernant les théories du pacte naturel(à l'image du pacte social, je trouve cela absurde car pour qu'il y ait pacte, il faut que chacun des contractants s'engagent de façon égal, or je ne vois pas comment on peut expliquer à un chien ou à un rocher quels sont ses droits et donc quelles actions il ne doit pas commettre envers moi...
Bref c'est un ouvrage intéressant pour comprendre les différentes tendances de l'écologie du vingtième siècle et il propose des sujets de réflexion intéressant.
Published by The Bursar
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dans
Saint Simon et les épinards