
J'ai bien aimé, c'est une belle histoire, les personnages ont leur petit travers, comme Mary qui se plaint pour un rien, qui fait une montagne de tout ou Sir William et ses idées sur ce qui est dû à un baron.
L'histoire est très simple, Anne Elliot, huit ans plus tôt, était amoureuse de Mr Wentworth, un marin, et elle avait accepté sa demande en mariage mais sa bonne amie Lady Russell l'a convaincu de revenir sur sa décision, d'autant que le jeune homme n'était pas considéré par SIr William comme suffisamment riche ou titré pour prétendre à la main de sa fille. Huit ans ont passé, Anne est toujours célibataire et le goût de Sir William et d'Elisabeth, l'aînée, pour les apparences et un certain train de vie font que la famille rencontre quelques difficultés financières qui obligent Sir William à louer le manoir familial et aller s'installer à Bath. Le manoir est loué par les Croft dont il se trouve que Mrs Croft est la soeur du fameux jeune homme éconduit qui est désormais capitaine. Après toutes ces années, Anne va enfin revoir l'amour de sa vie mais le Capitaine Wentworth partage-t-il toujours ses sentiments ou faut-il se résoudre à le voir marié avec une autre ?
J'ai poussé un petit cri de joie au moment du dénouement, il était tellement attendu. J'aime beaucoup le capitaine Wenthworth mais le colonel Brandon a toujours ma préférence, je crois que j'ai vraiment été marqué par le moment où David Morrissey part à la recherche de Marianne et il est si émouvant par le fait qu'il se sait trop vieux pour Marianne et qu'il est obligé d'endurer la concurrence de Willoughby sans rien faire.
Persuasion est un livre assez gai, car on n'a pas trop longtemps à supporter Sir William et Elisabeth, et la société d'Uppercross est très plaisante. Ce qui est interessant aussi c'est qu'on a une héroïne beaucoup plus âgée, il ne s'agit plus des premiers embrasements d'une jeune fille mais d'une femme mâture, donc une nouvelle fois Jane Austen arrive à nous divertir sans qu'on ait la moindre impression de déjà vu, c'est un peu comme Rocky, c'est-à-dire qu'on sait le dénouement dès le début mais ce qui intéresse le plus ce sont les chemins empruntés pour y parvenir, les obstacles à surmonter, comment un même sujet va pouvoir nous apporter de la nouveauté.
Le peu d'intérêt pour la fin se remarque dans la manière même dont Jane Austen traite la fin de ses ouvrages, une fois que les amoureux se sont avoués leur sentiment mutuel, il n'y a plus grand chose à dire, tout le reste n'est que point de détail, pour la raison que, pour Austen, rien n'est impossible pour deux jeunes gens qui s'aiment. La rapidité de ses fins est très agréable pour cela, le lecteur est libre d'imaginer ce qu'il veut, Austen n'impose pas une conception du bonheur à ses lecteurs, chacun peut continuer à rêver, car c'est une faute que l'on rencontre dans Harry Potter, Rowling était si occupée à empêcher que l'on écrive une suite qu'elle a du coup brisé toutes possibilités pour le lecteur de rêver, elle a imposé une idée du bonheur qui quand il ne correspond pas à ce que le lecteur a imaginé, ne peut que briser son plaisir. Il est d'ailleurs intéressant de noter qu'on assiste très peu aux demandes en mariage ou au moment où l'héroïne donne sa réponse, en général, c'est l'auteur qui nous raconte de manière élliptique la chose mais elle nous donne rarement les mots employés pour formuler cette demande ou réponse.
Voilà j'ai donc à présent lu les 6 romans achevés d'Austen. Sur les 6, il faudrait que je relise Pride & Prejudice mais je me le réserve pour plus tard, c'est une charmante perspective.