Voilà un film que j'ai vraiment aimé, dans la lignée de mon goût pour les films(et les livres) mettant en scène des travestissements. J’avais aimé Bimboland parce que l’identité fictive finissait par prendre plus de réalité que l’identité réelle menant à un trouble de l’héroïne quant à sa propre identité, car cet autre qui obtient ce que je veux et que je hais parce qu’il réussit là où j’ai échoué avec des mérites inférieurs, c’est en même temps moi. Donc comment réintégrer l’être fictif et en même temps supporter l’affrontement de ces deux identités ?
Certains l’aime chaud est aussi un film que j’aime énormément avec sa fameuse réplique finale “Nobody is perfect” car on trouve un peu cette perte d’identité mais avec en plus le problème de la consommation puisque le milliardaire demande en mariage le personnage qui est, je crois, joué par Jack lennon ou lemmon, et dont je ne me rappelle pas le nom mais le personnage commence à oublier l’obstacle majeur de cette relation et qui est le fait qu’il n’est pas une vraie femme.
Dans Tootsie, on retrouve ce problème, puisque Michael-Dorothy finit par passer énormément de temps en tant que Dorothy et à un moment, il semble prêt à rester une femme puisque la célébrité lui sourit et son discours se détache de plus en plus du fait qu’il n’est pas une femme, croyant être le parfait porte-parole des problèmes féminins mais en même temps l’amour intervient avec comme originalité par rapport au travestissement ordinaire le fait que le personnage est amoureux d’un être du même sexe que son déguisement et courtisé par des hommes, ce qui rend sa situation plus difficile, puisque la tromperie s’étend à plus de monde. A cela, on a aussi au début le petit côté réflexion sur le théâtre, le rôle de l’acteur et j’aime aussi cette ironie qui fait qu’il trouve un emploi en se faisant passer pour une femme alors que l’usage est que ce sont les femmes qui doivent se masculiniser pour se faire une place dans la société, je retrouve ce retournement très intéressant. Bill Murray est aussi comme toujours très bon, ici, dans l’ami-colocataire qui met en lumière le trouble d’identité qui s’opère et qui souligne l’importance que prend le personnage féminin et introduit une forme de recul face à la conduite de Mickael. A la fin, on a l’inévitable révélation, car il est très rare que la tromperie soit complètement consommée, puisque l’élément que l’autre possède n’a d’intérêt que si c’est moi qui le possède puisque l’autre n’est souvent pas en état de jouir de ce qu’il possède. Mademoiselle de Maupin est un des rares cas où le personnage choisit de rester la personne fictive, alors que le personnage du narrateur pouvait lui donner la possibilité de redevenir femme. Ce choix fait par Gauthier est très rare, mais on est déjà dans une situation différente de Tootsie…